Corum - Hall 0 Vendredi 21 octobre 2005, 19 h 00

"Une femme voilée franchit le seuil de la lumière dans une médina tunisienne, un homme virevolte le long d'une paroi pour ne pas traverser les galeries brulées d'un temple égyptien, un cheval noir galope vers un calvaire dans un village en ruine de Sicile.
Le photographe ne peut écrire avec la lumière sans l'ombre. Elle est l'encre des visions éclatantes qui ponctuent les errances guidées par le soleil, dans les territoires des Sud.
C'est elle qui sculpte les espaces des basiliques désertées d'Italie, de Syrie ou du Liban - comme dans les gravures de Piranèse - les miroirs brisés des palais palermitains, les reflets dans les canaux de Venise; c'est l'ombre, toujours, qui découpe, au solstice ou à l'équinoxe, les rayons taillés dans la pierre du temple d'Abou Simbel ou chargés d'encens dans l'abbaye de Ganagobie. Et dessine les flammes des bougies qui vibrent dans les nefs sévillanes habitées pendant la semaine sainte.
Le parcours de l'exposition est tracé en tryptiques; les images disent les contrastes, les passions, les vides pour souligner tout ce qui prétend rester caché mais aspire à se révéler. Les anges perchés sur les frontons et les balustrades accueillent les faisceaux de soleil orientés par les scénographes de la liturgie baroque et projettent les ombres de leurs corps transfigurés, les voiles des statues épousent les chairs des héros mythologiques ou bibliques pour mieux libérer leur pouvoir de séduction ou souligner leur mystère.
La Méditerranée est le théâtre de la lumière; à chacun de repenser son itinéraire au-delà des apparences, pour que, dans l'obscurité de la mémoire résonent les illuminations du regard."
Ferrante Ferranti